Le maire représentait l’État, le curé s’occupait des âmes et l’instituteur prenait en charge l’éducation dans le respect de la laïcité. Trois piliers complémentaires pour l’équilibre et la structuration de la société.
Ils sont parfois surnommés « les hussards noirs de la République ». Hussards, car troupe de choc, et noirs, parce que la mode de l’époque imposait qu’ils s’habillent en sombre et sans fantaisie. L’instituteur est un notable, il se doit d’être exemplaire et respectable !

Leur carrière commence par 3 années passées à l’école normale, établissement chargé de former les instituteurs et institutrices en France de 1808 à 1991. Le système des écoles normales primaires, longtemps élément essentiel dans la structuration de l’enseignement primaire public, a perduré en France jusqu’en 1990-1991. Elles portaient communément le nom d’école normale d’instituteurs ou d’institutrices. Elles ont alors été intégrées dans les IUFM, où étaient formés les enseignants du primaire et du secondaire.


Le logement
Dans les villages, où sont toujours nommés les enseignants pour leur 1er poste, le logement est très modeste : une ou deux pièces, sans commodités. Aucune économie possible, le traitement mensuel est entièrement absorbé par les dépenses quotidiennes. Pour arrondir les fins de mois, l’instituteur assure souvent la fonction de secrétaire de mairie, ce qui lui rapporte en moyenne 200 francs par an. Enfin, il assure des cours particuliers, quelques dizaines de francs supplémentaires.
Parfois, l’instituteur arrive à se mettre un peu d’argent de côté et s’autorise quelques menus plaisirs pour arriver à un budget équilibré. Lorsqu’il est logé par la mairie, l’enseignant n’a pas de loyer à payer. S’il doit se débrouiller pour avoir un toit, il perçoit une indemnité.

Le mariage
Souvent, les instituteurs se marient entre eux. Les écoles étant réparties sur tout le territoire, plusieurs dizaines de milliers pour 120.000 enseignants, le plus souvent, leur premier poste est à la campagne. Il n’est pas rare que de jeunes instituteurs se rencontrent quotidiennement… et finissent par s’épouser.
En outre, ce genre de mariage est considéré comme parfaitement respectable, car n’oublions pas que les notables du village sont observés continuellement dans la France des 19ème et 20ème siècles. Le mariage est aussi l’occasion de trouver enfin un début d’aisance matérielle.


La vie quotidienne
La vie quotidienne d’un instituteur de la 1ère moitié du 20ème siècle est très chargée : il faut se lever tôt pour aller ouvrir l’école, préparer la classe et accueillir les élèves. La classe se déroule sur la journée, mais celle de l’instituteur n’est pas terminée. Il faut ensuite nettoyer les locaux quand personne n’est payé par la mairie pour le faire, puis assurer les cours du soir ou la préparation des élèves proposés au certificat d’étude. Après, il faut se mettre à la correction des copies.
Comme souvent, il est aussi secrétaire de mairie (la paperasse, comme la permanence, lui incombent). Pour les institutrices, les tâches ménagères s’ajoutent aux obligations professionnelles.